Le jour où l’Internet chinois s’éveillera (chez nous)

Le 5 janvier 2010

Deux fois en quelques semaines, c’est beaucoup. C’est même trop quand il s’agit de citer comme référence les mesures de censure sur Internet appliquées par la Chine. Cela a pu faire doucement rigoler quand le député UMP Jacques Myard a déclaré vouloir nationaliser Internet. [...] Quand deux semaines plus tard, dans le New York Times, Bono cite à son tour la Chine en exemple, on ne sourit plus. On s’inquiète.

Deux fois en quelques semaines, c’est beaucoup.

C’est même trop quand il s’agit de citer comme référence les mesures de censure sur Internet appliquées par la Chine.

Cela a pu faire doucement rigoler quand le député UMP Jacques Myard a déclaré vouloir nationaliser Internet. «Les chinois l’ont fait» argumentait-il alors, tout en expliquant qu’avec «une batterie d’ordinateurs très puissants» on devrait bien pouvoir faire pareil et se protéger de la «mainmise» des Etats-Unis sur les réseaux.

Quand deux semaines plus tard, dans le New York Times, Bono cite à son tour la Chine en exemple, on ne sourit plus. On s’inquiète. «Une décennie de partage et de vol de fichiers musicaux a montré à l’évidence que ceux qui en souffrent sont les artistes» écrit, le 2 décembre dernier, le chanteur de U2, mais surtout aujourd’hui homme d’affaires, créateur du fond d’investissement Elevation Partners qui détient notamment le magazine économique Forbesv. Partant de ce constat, il ne voit qu’une solution pour l’enrayer : surveiller les contenus sur les réseaux. «Nous savons par le noble effort de l’Amérique pour stopper la pédo-pornographie, sans parler de l’effort ignoble de la Chine pour réprimer la dissidence en ligne, qu’il est parfaitement possible de suivre le contenu».

A aucun point de vue, prendre l’exemple de la Chine, qualifié d’« ennemi d’Internet » par Reporters Sans Frontières pour son « leadership » en matière de répression sur Internet (censure, surveillance, blocage, emprisonnement, etc.), n’est défendable.

Récemment nous évoquions les craintes de Seth Schoen de l’EFF (Electronic Frontier Fondation) quant au glissement des pays démocratiques vers les pratiques chinoises en matière de contrôle et de surveillance d’Internet. «Si vous regardez les principales pratiques internationales dans ce domaine [le contrôle d'Internet], vous verrez que la Chine est fondamentalement en conformité avec la norme internationale »., expliquait en 2006, Liu Zhengrong, un officiel chinois en charge d’Internet, au New York Times. « Les principaux objectifs et les modalités d’application de nos lois sont essentiellement les mêmes ». Et Seth Schoen de s’inquiéter qu’il pourrait bientôt avoir raison au regard des restrictions sur Internet appliquées ou souhaitées, ces derniers temps, par un ensemble de pays démocratiques.

Bono a beau utiliser le qualificatif «ignoble», la référence est là. Dangereuse. Et inacceptable.

» Article initialement publié sur The Internets

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