OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Fleur Pellerin : “Oui, nous voulons des #fablab partout en France” http://owni.fr/2012/12/10/fleur-pellerin-oui-nous-voulons-des-fablab-partout-en-france/ http://owni.fr/2012/12/10/fleur-pellerin-oui-nous-voulons-des-fablab-partout-en-france/#comments Mon, 10 Dec 2012 13:36:46 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=127202

Hier soir, la ministre déléguée aux PME, à l’Innovation et à l’Économie numérique Fleur Pellerin a répondu à notre question posée en guise de titre au compte-rendu d’une récente table ronde sur les fab labs : “Lui, président, implantera-t-il des fab labs ?”

Cette table ronde fermée, organisée par Aymeril Hoang, conseiller innovation et économie numérique, avaient réuni jeudi dernier une quarantaine de participants issus du ministère, de l’industrie, comme PSA ou SEB, et du microcosme des startups du numérique.

Il semble que la promesse de la ministre était attendue si l’on en juge le nombre de RT, presqu’une centaine, et les réactions qui ont suivi malgré l’heure tardive. Où l’on a pu voir se positionner les différentes sphères qui gravitent autour de ces mini-usines collaboratives ouvertes conceptualisée au Center for Bits and Atoms du MIT.

Abus de langage

Il y a d’abord le monde du design. Le designer Jean-Louis Fréchin, aka @nodesign cité par la ministre ci-dessus, s’est positionné depuis longtemps sur le créneau avec l’ENSCI-les Ateliers (Ecole nationale supérieure de création industrielle). Quitte à tordre un peu la réalité quand il affirme que “le fab lab de l’ENSCI [qu'il a créé] fête ses trente ans” : les fab labs datent du début des années 2000, c’est un concept encadré par une charte. Laquelle précise bien que les fab labs sont ouverts, contrairement à l’ENSCI-les Ateliers, réservé aux élèves. Le logo du réseau des fab labs n’y figure d’ailleurs pas, non plus que la charte. Ce qui ne veut pas dire que des objets beaux et utiles n’y soient pas fait, c’est juste un abus de langage. Et il y a fort à parier que l’engouement pour le concept va encore favoriser la dilution du terme, pour ne pas dire sa récupération. Si le gouvernement met la main à la poche, il faudra donc être attentif au type de lieux subventionnés.

Nicolas Bard, co-fondateur d’ICIMontreuil, un “Creative Space de 1.850 m2 qui fait exister les idées des artistes, créateurs, entrepreneurs et startups de la Création” s’est aussi immiscé.

Sauf que là encore, le fab lab sera réservé aux adhérents du lieu. ICIMontreuil louera en effet des espaces de travail et mettra à leur disposition des labs communs, dont le futur fab lab. En septembre, la ministre avait indiqué vouloir “faire du 93 un laboratoire du numérique” et “[s]’impliquer davantage à Montreuil”. Tout en démentant lorgner sur la mairie en 2014, actuellement occupée par Dominique Voynet.

La sphère éducative a aussi donné de la voix, en l’occurrence le Fac Lab de Gennevilliers et l’une de ses co-fondatrices, qui porte aussi un projet en province, La Forge des possibles. Pour mémoire, les fab labs sont nés dans le milieu universitaire. La dimension éducative est primordiale, souligne sa charte : partage des connaissances, apprentissage par les pairs, etc.

L’économie collaborative a également donné du tweet, en l’occurrence le collectif OuiShare :

Et bien sûr, les journalistes aussi ont sauté sur l’occasion :)

Visite au programme

En attendant une hypothétique table ronde et une annonce formelle de plan de développement des fab labs, on devrait au moins voir Fleur Pellerin tripoter une imprimante 3D, photogénie oblige. Et tant pis si la découpe laser est bien plus utile :


Photo de Fleur Pellerin via le flickr du PS [CC-byncnd] remixée Owni #specialfablab

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Lui, président, implantera-t-il des fab labs ? http://owni.fr/2012/12/06/lui-president-implantera-t-il-des-fab-labs/ http://owni.fr/2012/12/06/lui-president-implantera-t-il-des-fab-labs/#comments Thu, 06 Dec 2012 16:35:13 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=127016

Jean, nouvel utilisateur du Fac Lab, le fab lab de l'Université de Cergy basé à Gennevilliers, fabrique une sculpture en bois (inspiré d'une oeuvre de George W Hart) avec la découpe laser . Le 6 décembre 2012. (cc) Ophelia Noor

Enfin ! Les fab labs et autres lieux dédiés à la fabrication numérique personnelle, sont arrivés aux oreilles du gouvernement français. Ce matin, une table ronde était organisée au cabinet de Fleur Pellerin sous la houlette d’Aymeril Hoang, conseiller innovation et économie numérique de la ministre déléguée aux PME, à l’Innovation et à l’Économie numérique.

Les fab labs en route vers le Grand Soir

Les fab labs en route vers le Grand Soir

Le Parti communiste français met le nez dans les fab labs. Avec comme une vieille envie de se remuer un peu le logiciel. Et ...

Intitulé “Développement des fab labs en France”, le séminaire avait surtout pour but de présenter deux visions de la fabrication personnelle, entre gros sous et visées moins directement lucratives. La quarantaine de participants étaient issus du ministère, de l’industrie comme PSA ou SEB et du microcosme numérique start-upers incontournable tel FaberNovel.

Fabien Eychenne de la Fing a d’abord présenté les fab labs, puis Emmanuelle Roux et Laurent Ricard ont exposé un cas concret avec leur FacLab, premier fab lab porté en France par une université. Enfin, Mark Hatch, le DG de TechShop, une chaine d’ateliers géants pour bricoleurs très pointus, est revenu sur sa société. La rencontre était d’ailleurs motivée par la venue de Mark Hatch, il ne s’agissait pas d’une initiative du cabinet.

L’entrepreneur a dévoilé ses plans de déploiement, en présence de Paul Duggan, en charge du développement en Europe : Paris, Londres, Milan… sont en ligne de mire, entre autres.

TechShop, s’il met en avant son côté communautaire – mais quelle société qui ne vit pas sur la planète Mars ne le fait pas ? – est une entreprise classique, déjà forte de six ateliers, tous aux États-Unis. Elle vise maintenant le vieux continent, forte de l’engouement pour la fabrication personnelle, dont les possibilités ont été décuplées par les machines-outils assistées par ordinateur et la force de partage et d’entraide propre à Internet. Elle se décrit ainsi :

Studio de prototypage et de fabrication, hackerspace, centre d’apprentissage, TechShop offre l’accès à de l’équipement et des logiciels d’une valeur d’un million de dollar.

Son appétit de déploiement rappelle celui des pionniers du PC dans les années 70-80. On va changer le monde, en se faisant des dollars au passage, pour votre bien et celui de l’économie en général puisque les TechShops sont des endroits idéaux pour faire du prototypage rapide et donc incuber son entreprise, entre autres. Le premier a d’ailleurs ouvert en 2006 à Menlo Park, au cœur de la Silicon Valley, où les hackers-futurs entrepreneurs tripatouillaient les machines au Homebrew computer Club. Google y serait aussi né, dans un garage bien sûr.

Success story

Devant les petits frenchies, Mark Hatch a fait la démonstration de son gros potentiel avec une présentation bien calibrée illustrée d’exemples propres à faire rêver. Une rafale de chiffres à faire pâlir en cette période de crise. Les participants ont pu voir la photo d’Obama au bureau oval tapotant sur son iPad avec une coque DODOcase. Le prototype du DODOcase a été conçu pour moins de 500 dollars et faisait cinq mois après son lancement 1 million de dollars de CA. Sans le TechShop, son idée serait restée au placard puisque sa réalisation requiert une machine qui coûte 25 000 dollars. Il a juste dû payer des frais d’entrée, 125 dollars par mois ou 1 395 dollars par an. Même parcours étincelant pour Square, un lecteur de carte de crédit que l’on branche sur son mobile ou sa tablette. Deux millions d’Américains l’utilisent maintenant, en versant au passage à chaque transaction une commission de 2,75%.

L’entreprise incarne l’état d’esprit maker, si cher aux Américains : une foi en la capacité créatrice qui a fait le succès du modèle américain, cette idée d’une nation qui se forge elle-même. Son slogan en témoigne :

Build your dream here. What do you want to make ?

En face, pour représenter les fab labs, nous avions donc Emmanuelle Roux et Laurent Ricard. Une tout autre vision, même si les deux types de lieux permettent de faire du prototypage rapide et de faciliter de façon générale l’innovation ascendante et la créativité. Déjà, c’est moins l’usine : les machines y sont plus modestes et la dimension reste humaine alors qu’un TechShop fait 1 500 m2.

Gros sous vs charte

Surtout, les fab labs s’appuient sur une charte où les valeurs de partage, d’ouverture, d’entraide et d’éducation sont fondamentaux. On y privilégie les formats ouverts, qu’il s’agisse du logiciel ou du matériel. Ce qui ne veut pas dire pour autant qu’on ne puisse pas y faire développer un produit pour développer derrière une activité, mais ce n’est pas le but final :

Secret : les concepts et les processus développés dans les fab labs doivent demeurer utilisables à titre individuel. En revanche, vous pouvez les protéger de la manière qui vous choisirez.

Business : des activités commerciales peuvent être incubées dans les fab labs, mais elles ne doivent pas faire obstacle à l’accès ouvert. Elles doivent se développer au-delà du lab plutôt qu’en son sein et de bénéficier à leur tour aux inventeurs, aux labs et aux réseaux qui ont contribué à leur succès.

En théorie, les fab labs sont ouverts et gratuits, dans la réalité, c’est parfois un mix des deux, car il faut bien financer l’endroit. Au Fac Lab, c’est totalement gratuit, mais trois formations autour des fab labs vont être proposées pour assurer des revenus en ces temps de disette de fonds publics.

Les différentes étapes de la fabrication de la sculpture en bois (inspiré d'une oeuvre de George W Hart) avec la découpe laser , en passant par le logiciel de modélisation 3D et la découpe de bois. Le 6 décembre 2012 au Fac Lab de Gennevilliers. (cc) Ophelia Noor

Nos deux intervenants ont souligné ces dimensions propres aux fab labs, explique Emmanuelle Roux, en particulier l’aspect éducatif :

J’ai insisté sur l’importance de permettre aux plus jeunes d’accéder à ce genre de lieu. Et il faut mailler tout le territoire, ne pas se cantonner à Paris.

Avis à Vincent Peillon, notre ministre de l’Education qui souhaite refonder l’école, chapitre 42. Aux États-Unis, une association comme School Factory essaye déjà depuis quelques années d’amener ce type de lieu dans l’école, pour favoriser l’apprentissage par le faire, en mode projet et dans une optique de partage des connaissances. Bref l’envers du système français actuel.

S’appuyer sur les EPN

Emmanuelle Roux a attiré l’attention sur les nombreuses structures publique déjà existantes, mairies, écoles et surtout EPN (espace public numérique), qui pourrait accompagner ce développement. Incubateur de fab lab, voilà une belle reconversion potentielle pour les EPN.

Apparemment, le message est passé : “Aymeril Hoang m’a dit qu’il en parlerait à la ministre, il a évoqué la possibilité de visiter le FacLab. Il souhaite aussi avancer la réflexion sur les EPN.” Owni est ravi, qui a sollicité le cabinet de Fleur Pellerin pour une table ronde sur le sujet le mois dernier, ainsi que celui de Montebourg, sans succès.

L’impression 3D vend son âme

L’impression 3D vend son âme

Le fabricant d'imprimante 3D grand public MakerBot incarnait la possibilité d'un business model basé sur l'open ...

Les préoccupations des industriels n’étaient pas forcément sur la même longueur d’onde. Non pas que ces représentants aient découvert le sujet : travaillant sur la R&D, ils étaient déjà bien sensibilisés. En revanche, les questions de propriété intellectuelle les préoccupent davantage. “Seb était inquiet à l’idée de se faire copier, je leur ai expliqué qu’ils ne pourront pas l’empêcher”.

L’exemple de MakerBot, qui a mis de l’eau propriétaire dans son vin open source, parce que des fonds ont mis gros dessus, n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd : pour faire du cash, il faut fermer les modèles ont compris certains dans un raccourci erroné. Les nouveaux outils ne servent à rien si les schémas mentaux et économiques sont toujours ceux du 20e siècle.

Si la Chine ou la Russie se sont déjà engagées dans des plans de subventions à ce type de lieux, tout reste à faire en France. Plus que les sommes mises sur le tapis, l’orientation qui sera choisie sera décisive, création d’euros ou de valeur sociale.

On attend avec impatience le positionnement d’Arnaud Montebourg, qui vantait la troisième révolution industrielle que les fabs labs sont censés porter. Qui sait, François Hollande annoncera peut-être lors de son grand rendez-vous avec la presse :

Moi, président, j’implanterai des fab labs sur toute la France.


Photos par Ophelia Noor. Réalisées au Fac Lab, le fab lab de l’Université de Cergy basé à Gennevilliers, le mercredi 5 décembre 2012.

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Les fab labs en route vers le Grand Soir http://owni.fr/2012/12/04/les-fab-labs-en-route-vers-le-grand-soir/ http://owni.fr/2012/12/04/les-fab-labs-en-route-vers-le-grand-soir/#comments Tue, 04 Dec 2012 15:39:17 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=126922

Conférence de Sabine Blanc sur les Fab Labs au siège du PCF à Paris, le 2 décembre 2012. - cc Ophelia Noor/Loguy (logo via le site officiel des fablab du MIT)

Si le PC vous auditionne aujourd’hui sur les fab labs, c’est d’abord parce que Yann Le Pollotec n’a pas arrêté de nous faire chier. (rires)

Plus sérieusement, le parti s’interroge sur les rapports entre écologie et production. Pierre Laurent, notre secrétaire national, a prononcé un discours important à ce sujet à Lille récemment. On est communiste, donc on est pour le partage. On est communiste, donc on est pour la révolution, et nous avons saisi le caractère révolutionnaire de ces outils présents dans les fab labs.

Hier, j’ai passé trois bonnes heures devant une poignée de membres du Parti communiste français, dont quelques cadres, pour leur expliquer en quoi consistait les fab labs, ces espaces collaboratifs de prototypage rapide nés au MIT qui font fantasmer aussi bien à droite qu’à gauche en raison de leurs supposées vertus à répondre aux défis posés par les crises actuelles. Cette audition était organisée par le LEM, ce Lieu d’Étude sur le Mouvement des idées et des connaissances, think tank (sic) du PC, au siège parisien place Colonel-Fabien, hiératique et surréaliste bulle temporelle tout droit sorti d’un James Bond période Sean Connery.

“Enfin !”, avais-je soupiré quand Yann Le Pollotec m’avait contactée à ce sujet voilà deux mois, suite à un article que j’avais écrit dans Le Monde diplomatique. Que le PCF s’empare avec passion de ces lieux où les citoyens se réapproprient les outils de production et donc les savoir-faire, fab labs mais aussi hackerspaces et makerspaces, me semblait une évidence. Et une opportunité pour donner un coup de fouet à un appareil qui ne brille pas par son image avant-gardiste. Le papier du Monde diplo commençait d’ailleurs par un appel du pied en forme de clin d’œil :

Se réapproprier les moyens de production : Karl Marx en rêvait, un chercheur du Massachusetts Institute of Technology (MIT) l’a fait.

Troisième révolution industrielle

Fête le vous-même !

Fête le vous-même !

Sur le modèle des Maker Faire, ces grands rassemblements dédiés au do it yourself, version moderne du bricolage de nos ...

Avec Yann, le courant est passé très vite. Je précise parce que, comme pas mal de gens, la seule chose qui m’étonne au PC, c’est sa survivance persistante. Alors qu’une élection interne foireuse vient de mettre en l’air la formation qui dirigeait naguère le pays. Ma dernière expérience avait été malheureuse : Owni souhaitait organiser à la Fête de l’Humanité le premier Open Bidouille Camp, un grand rassemblement populaire dédié au bricolage, et en particulier ses avatars modernes boostés au numérique. Nous avions essuyé un refus non motivé.

Informaticien de profession, collaborateur de Jacky Hénin à la commission du Parlement européen sur l’industrie, et permanent du PC, Yann est un peu désolé de la mésaventure, lui qui dépense une partie de son énergie sur ces thématiques. Pour préparer l’audition, il me fait un petit historique. Le message essentiel : pédagogie.

J’ai fait une première intervention là-dessus il y a un an en comité central, la réaction a été : c’est quoi ce truc ?

En guise de métaphore sur le ton à adopter, il m’évoque l’exemple de Galilée plaidant en italien plutôt qu’en latin pour toucher un maximum de gens. Faire le même travail d’explication qu’au moment de l’arrivée de l’Internet grand public.

Conférence sur les fab labs au PCF, un réseau wifi nommé Niemayer et Hello Kitty au PCF. (cc) Ophelia Noor

Lui-même débroussaille le terrain pour ses camarades, comme en témoigne l’épais dossier qu’il me tend. Il a entre autres glissé un paragraphe dans le texte qui servira de base à la discussion au prochain congrès du PC en février et qui est envoyé à tous les adhérents, soit environ 130 000 personnes :

Sous la crise du capitalisme émergent déjà les prémisses d’une troisième révolution industrielle avec l’impression 3D, les machines auto-réplicatives libres, l’open source hardware, les mouvements hackers et maker. Ainsi se créent et se développent des lieux de conception et de proximité en réseau, ouverts et gratuits, où l’on partage savoir et savoir-faire, où l’on crée plutôt qu’on ne consomme, où l’on expérimente et apprend collectivement, où le producteur n’est plus dépossédé de sa création, tels les fab labs qui sont les moteurs de ce mouvement.

Toutes ces avancées portent en elles des possibilités de mise en commun, de partage et de coopération inédite.

En bullshit langage théorique, il est temps au PC de “dépasser la vieille opposition entre les économistes portés sur la révolution informationnelle et ceux qui soutiennent la révolution scientifique et technique, s’enthousiasme Yann, c’est le cœur de la troisième révolution industrielle”.

Les Fab Labs, ou le néo-artisanat

Les Fab Labs, ou le néo-artisanat

Fabriquer soi-même ce dont on a besoin, réparer, au lieu de consommer des objets que l'on jette au moindre ...

Au MIT, ça se traduit par le “Center for bits and atoms“, structure créée en 2001 par Neil Gershenfeld pour accompagner le développement des fab labs, “une initiative interdisciplinaire explorant l’interface entre les sciences de l’informatique et les sciences physiques”.

Tâche d’autant plus ardue que le concept de troisième révolution industrielle ne fait pas consensus, y compris au sein du PC : “C’est très centré sur l’énergie, détaille Yann. Il y a aussi la question du capital en suspend. On ne peut pas vivre d’amour et d’eau fraîche, il faut une réponse au salariat.”

Gros blanc

Malgré toutes ces bonnes précautions, il y a eu hier comme qui dirait un choc des cultures, des logiques, des démarches. Parler à des militants dans une logique de parti, je sais pô faire, contrairement à la Fing par exemple. Faire la politique se limite dans mon esprit à écrire des articles sur des sujets qui me semblent porter en germe les fondements de la société de demain, en assumant un coté militant. Passer un peu à la pratique aussi, en organisant des Open Bidouille Camp.

Pour le reste, j’ai une fâcheuse tendance à botter en touche en permanence, de préférence en mode pirouettes faciles. Bref du trolling. Chacun son tour : j’avais moi-même essayé de convaincre Okhin, de Telecomix, qu’il avait une conscience politique, il m’avait répondu dans un éclat de rire : “on est une inconscience politique !”

Conférence sur les Fab Labs au siège du PCF à Paris, le 2 décembre 2012. Avec Sabine Blanc et Yves Dimicoli - cc Ophelia Noor

Après une présentation, le temps d’échange a donc parfois donné lieu à des dialogues de sourds, à l’image de la première longue question posée par Yves Dimicoli, économiste, membre de la commission économie-social-finance du PCF et impeccable moustache à la Frères Jacques. Il parle de “valeur d’usage”, de “maîtrise du processus”, pour finir par :

Comment fait-on pour court-circuiter le marché ?

Le CAC40 entre dans les “fab labs”

Le CAC40 entre dans les “fab labs”

Des grands groupes industriels s'intéressent aux "fab labs", ces mini-usines collaboratives, citoyennes, ouvertes à tous et ...

Et là, gros blanc, vieux souvenirs d’oraux foireux où j’ai mouliné dans ma tête les termes de mon interlocuteur pour constater avec désarroi que mes réponses en forme de Y ne rentrent pas dans sa question en forme de X. Et c’est d’autant moins le cas que :

1/ Je n’ai rien contre le marché et le capitalisme en général.

2/ Comme l’indique clairement leur charte, il n’est pas question avec les fab labs de s’en passer. Certes, Neil Gershenfeld veut “créer plutôt que consommer”, mais ça n’en fait pas pour autant un fils spirituel de Karl Marx.

3/ Il faudrait des heures pour élaborer une réponse complète.

Aussi judicieuses soient-elles, il y a beaucoup d’interventions dont je ne sais si ce sont des observations, des questions, des observations qui amènent réponses. Par exemple Claude Ginin, la soixantaine, petite veste de tweed :

Cela pose la question de la formation, il faut bien apprendre comment marchent les machines pour savoir ce qu’on peut en tirer. [...] Vous avez dit que les fab labs actuellement ne sont pas complètement coupés du marché. Mais du coup, qu’est-ce qui domine ?

Et de relever au passage que le marché n’a pas toujours existé. Il y a aussi cette remarque de Santiago Serrano, adjoint délégué au développement économique et commercial, à l’emploi et aux nouvelles technologies au Blanc-Mesnil, que ne démentiront pas les levées de fonds de Co-voiturage.fr ou MakerBot par exemple :

Il y a le danger du développement d’un marché de la valeur d’usage.

Sabine Blanc sous le feu des questions d'Yves Dimicoli, économiste et membre de la commission économie-social-finance du PCF (cc) Ophelia Noor

Yves Dimicoli relance :

Nous sommes à la recherche d’une nouvelle systémique. Comment on aide à développer ce potentiel ?

Je leur répète que c’est à eux de s’emparer de ces lieux pour leur faire suivre la pente qui leur parait la plus juste. Un peu lassée :

Il y a une valeur importante chez les hackers, ça s’appelle la do-ocracy, le pouvoir à ceux qui font. Organisez des visites, expérimentez, soutenez ceux qui, comme Yann, portent des projets

Parmi les soutiens de Yann, il y a Elvire. Elle souhaite mobiliser les jeunes autour du futur fab lab via la robotique. Le motto de la troisième révolution industrielle l’accroche. Avant l’audition, elle m’a expliqué avant avec franchise :

Ne pas être en retard pour une fois.

Conférence sur les fab labs au siège du PCF à Paris le 2 décembre 2012 (cc) Ophelia Noor

Devant ses camarades, elle précise sa démarche :

Je vois les fab labs comme une plate-forme de réflexion pour réinterroger une population en lui mettant une expérience à disposition : comment se l’approprient-ils ? Créent-ils du lien social ? La détournent-ils ? C’est une mise en abyme. Comment une population peut percevoir une mairie dirigée par un maire communiste ? Ils ne font plus la différence depuis le temps.

Mais au fait que font l’UMP, le PS, les Verts ?

Et si je trolle parfois, si nous ne parlons pas la même langue toujours, c’est avec plaisir que la conversation se poursuivra autour d’une bière. Le sujet les a passionnés visiblement, les enjeux ont été compris, bref le message est passé. Je ne sais pas si l’UMP, le PS ou les écolos ont organisé de semblables débats. Et Michel Laurent, qui s’occupe du LEM, pointe avec justesse les limites de ma démarche du “juste fais-le” et des petits pas : à un moment donné, il faut passer à la vitesse supérieure.

Vous me faites penser à la chanson de Coluche : “je ne promets pas le grand soir, juste à manger et à boire.” C’est bien mais aujourd’hui, ils servent 8 fois plus de repas. Nous, on veut le grand soir.

Et force est de reconnaitre que sur ce terrain, ça se passe plutôt en Chine ou en Russie qu’en France, avec des fonds conséquents investis par l’État. En attendant que mille fab labs fleurissent dans les villes PC, je leur suggère d’en faire un mobile à la prochaine Fête de l’Huma. Au sein d’un Open Bidouille Camp ? Yann se marre :

Il y aura une recommandation du conseil national, même si ça suffit pas forcément !


Photos par Ophelia Noor /-) Toutes les photos sont visibles ici.

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Il pleut, il mouille, c’est la fête à la bidouille http://owni.fr/2012/11/20/il-pleut-il-mouille-cest-la-fete-a-la-bidouille/ http://owni.fr/2012/11/20/il-pleut-il-mouille-cest-la-fete-a-la-bidouille/#comments Tue, 20 Nov 2012 11:28:33 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=126241 Owni le premier chapitre provincial d'Open Bidouille Camp, deux mois à peine après la première édition parisienne. Plus de 1 000 personnes ont (re)découvert les joies de la bricole créative en mode collaboratif.]]>

Ils n’ont pas chômé les Bretons : ce samedi, ils ont organisé le second Open Bidouille Camp à Brest (OBCB) en partenariat avec Owni, soit deux petits mois après la première édition à Saint-Ouen (93) que nous avions co-organisé. Cet événement qui célèbre le bricolage et les savoirs-faire, Do It Yourself en anglais, sous sa forme traditionnelle ou boostée au numérique, a inspiré le jour-même ceux qui le suivaient à distance : “Cela a commencé avec des tweets le 22 septembre”, se souvient Antony Auffret, des Petits Débrouillards Bretagne, une association d’éducation populaire œuvrant en particulier dans les sciences.

“Les p’tits déb’”, comme on les appelle, nous ont très vite contacté et zou, c’était parti, d’autant plus vite que le terreau était déjà bien favorable :

Parce que des acteurs brestois agissent au quotidien dans les quartiers avec les habitants et qu’il convient de mettre en lumière ces pratiques. Parce la ville et le pays de Brest est déjà engagé depuis de nombreuses années dans l’appropriation sociale d’internet et de ces nouvelles formes de faire ensemble.

Quand nous, le collectif OBCB, avons vu l’évènement de Saint-Ouen et sa grande médiatisation sur le web, nous nous sommes dit que Brest avait toute légitimité pour être la deuxième ville de France à organiser un Open Bidouille Camp.

S’inscrivant dans la logique portée par la Ville illustrée par les 100 PAPIs qui maillent le territoire, le Forum des Usages Coopératifs, Brest en Bien Communs, l’Open Bidouille Camp s’adressera à toutes et tous.

Épaulés par l’Association des filières de l’électronique, de l’informatique et des télécoms (AFEIT), et la Maison du libre, les Petits Débrouillards ont rassemblé une vingtaine de stands dans le hall de la mairie. Soit autant que les Parisiens. Conformément à la philosophie d’OBC, l’événement était gratuit, entre autres grâce à une collecte sur la plate-forme de crowdfunding made in Bretagne Octopousse. En tout, plus de 1 000 personnes ont mis la main à la pâte, des jeunes, des moins jeunes, mais “peut-être pas assez de 15-25 ans”, note Antony. Autant de monde à cet endroit, “c’est rare”, souligne-t-il.

Conception de capteurs, impression 3D, fabrication de meubles design, récupération de composants électroniques, installation de logiciels libres, etc, les stands privilégiaient les ateliers pratiques. Mais pas encore assez au goût des organisateurs, et la place manquait. Du coup, ils voient plus grand pour la prochaine édition : “Nous aimerions louer un grand gymnase”, annonce Antony.

Et pourquoi pas sur un week-end, histoire que les tenanciers de stand en profitent aussi en tant que public et prennent davantage le temps d’échanger ? “Je n’ai pas vu donc la journée passer, témoigne bluedid29, “musicien bidouilleur” qui a fait un atelier logiciels libres, vers 17 heures après le rangement j’ai pu enfin faire un tour dans les ateliers et là c’était vraiment formidable toute cette créativité, ces bidouilles diverses, incroyables, que du bonheur :)”  “Super expérience c’était génial tout ça. Sur les ateliers, souvent une seule personne, a renchérit Arnaud de la Maison du libre sur la mailing list. C’est compliqué de faire une pause, de profiter de la fête. Il a manqué un moment où on boit un coup tous ensemble, soit on installe la veille et on mange ensemble, soit on range le lendemain, et du coup on bouffe ensemble le soir” .

Une édition printanière et automnale sont déjà dans les cartons. OBCB a ainsi déjà reçu l’invitation de Michel Briand, élu municipal en charge d’Internet et du multimédia, pour monter le camp pendant Brest en Biens Communs, en octobre. Et pour pérenniser cet “engouement populaire”, nos Bretons bidouilleurs ont bien l’intention de réfléchir aux différentes façons de s’inscrire dans le temps.


Photos d’Antony Auffret des petits débrouillards (cc) Voir le portfolio ici.
À voir aussi ce reportage sur Tebeo, la télévision locale.
Titre emprunté à Julie Le Goïc /-)

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L’impression 3D, boulet médiatique http://owni.fr/2012/10/23/limpression-3d-ce-boulet-mediatique/ http://owni.fr/2012/10/23/limpression-3d-ce-boulet-mediatique/#comments Tue, 23 Oct 2012 09:10:01 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=123215

La semaine dernière, on a pu voir sur les murs de Paris une affiche posant cette question :

Et si ma nouvelle chaise sortait d’une imprimante 3D ?

Il s’agissait d’une réclame pour Demain dans ma vie, un événement de la Mairie de Paris destiné à mettre en valeur des “lieux d’innovation”. Le site Internet poursuivait :

L’innovation, tout le monde en parle. Mais qui se doute que dès aujourd’hui et demain encore plus, les objets de notre quotidien auront été fabriqués sur une imprimante 3D dans une boutique du coin de la rue.”

Cet été, le JT de France 2 s’est penché sur les fab labs. Après la diffusion du reportage, son auteur est venu sur le plateau avec une MakerBot, le nom générique donné aux imprimantes fabriquées par la société américain MakerBot industries, pionnier de la démocratisation de l’impression 3D grand public, avec RepRap. Extrait du simili-dialogue qui s’en est suivi :

Présentateur du JT de France 2 : ça veut dire que demain je casse ma branche de lunette, je casse mon stylo préféré, je ne vais pas l’acheter, je ne vais pas chez le fabricant, je le fabrique moi-même…

Reporter, la main sur une MakerBot : absolument, [...] vous trouvez les plans sur Internet, vous appuyez sur “enter” et la machine vous l’imprime. [...]

Présentateur : demain on a tous ça chez nous ?

Reporter : absolument, là c’est parti, [...] et si vous êtes très bricoleur, vous pouvez la fabriquer vous-même chez vous, c’est la magie d’Internet.

Extase

Chaque (r)évolution a besoin de symbole. La révolution industrielle eut la machine à vapeur, la fabrication numérique personnelle a l’imprimante 3D. Et ce n’est pas forcément une bonne chose. Tout symbole est un raccourci, avec ce que cela peut véhiculer d’erreurs, d’imprécision, de déception.

Imprimer le réel à portée de main

Imprimer le réel à portée de main

Les imprimantes 3D, c'est-à-dire des machines capables de fabriquer des objets, intéressent désormais de puissants ...

Il est compréhensible que les médias mainstream aient besoin d’un objet “sexy” qui fasse passer un concept, lui donne corps.

L’imprimante 3D est le “bon client”, photogénique en diable avec ses couches de plastique coloré qui s’accumulent et forment devant les yeux émerveillés du spectateur, son petit cri-cri qui ravit le preneur de son. Parfait pour résumer le pitch “from bits to atom”. Et elle-même est considérée comme une technique “disruptive”, comme le fut le PC en son temps, ce qui rajoute à son potentiel attractif.

Owni n’échappe pas à cet engouement, il suffit de jeter un œil aux illustrations de nos articles sur le sujet, et le nombre d’articles qui se focalisent sur ce seul objet. RepRap et MakerBot y sont déclinés sous toutes les coutures.

Cela devient franchement gênant quand le symbole est prétexte, conscient ou non, à tordre la réalité, au mépris du plus élémentaire bon sens. Revenons à nos exemples du début. Imprimer une chaise en 3D : même un enfant de 6 ans sait que le bois, contrairement au plastique, ne peut pas fondre. Même si l’on teste aujourd’hui l’impression de pâte à bois, la table basse en chêne qui sort de votre machine, ce n’est pas pour demain. Ni après-demain. Jamais en fait. Et en admettant que le modèle plastique vous tente, aujourd’hui, le format maximum est de 28,4 x 15,2 x 15,4 cm si vous avez sous la main la Replicator 2, la dernière MakerBot, sortie en septembre. Avec une imprimante CupCake, c’est 10 x 10 x 10 maximum.

Pourtant, il est déjà possible de fabriquer une chaise avec ses mimines à l’aide d’une machine assistée par ordinateur sans passer par la case CAP de menuisier et avec de l’entrainement, en utilisant une découpe-laser, la mal-aimée médiatique.

L’exemple du “stylo préféré” est tout aussi erroné : à moins que d’avoir pour stylo préféré un Bic basique, on ne peut pas aujourd’hui faire un stylo en métal d’un clic. Et puis il faudra que les plans de votre modèle favori soient en ligne, ce qui n’est pas gagné. Bref, un coup de scanner 3D semblerait plus logique. Mais c’eût été ne pas évoquer “la magie d’Internet”.

Monts et merveille

Le côté magique de l’impression 3D est un formidable attrape-mouches, comme s’il portrait tous les espoirs d’un nouveau modèle de société, avec le saint triptyque local-soi-même-personnalisé. Mais pour l’heure, il risque de susciter de la déception, comme le soulignait cet article, qui invitait à une vision à moyen et long terme :

Pour beaucoup, l’impression 3D atteint le pic de son cycle de la hype, développé par Gartner, et elle est sur le point de s’effondrer dans les abîmes de la désillusion. J’espère vraiment que c’est le cas. Pour être honnête, cela n’arrivera jamais assez rapidement pour moi !

Je trouve beaucoup plus facile de combattre le pessimisme des gens avec les possibilités positives de l’impression 3D (il y en a beaucoup) plutôt que de constamment crever la bulle des attentes exagérément enflées du public sur l’impression 3D.

L’enjeu est de la maintenir réelle, là maintenant, avec des applications authentiques et assez étonnantes, nées de la compréhension de ce que l’impression 3D PEUT et NE PEUT PAS réaliser.

Il est aussi important de comprendre que nous sommes seulement au début de ce voyage de l’impression 3D et que la technique promet de bien plus grandes choses dans le futur, avec la poursuite de la R&D.

Alors oui, nous aurons peut-être, si ce n’est déjà le cas, des cheveux gris quand l’impression 3D sera une technologie mature qui tiendra ses promesses actuelles, en admettant que les lobbies du copyright et de la propriété intellectuelle ne foutent pas tout en l’air.

L’impression 3D vend son âme

L’impression 3D vend son âme

Le fabricant d'imprimante 3D grand public MakerBot incarnait la possibilité d'un business model basé sur l'open ...

En attendant, prudence et distance sont de mise. Et rien ne vaut la pratique si l’on veut éviter de dire des âneries : mon regard sur cette technique a changé radicalement le jour où j’ai vu, piteuse, une clé laborieusement construite avec un logiciel de CAO, sortir, inutilisable : la MakerBot était mal réglée.

Toutefois, tout n’est pas à jeter dans cet engouement mal renseigné. L’attrape-média est aussi un attrape-grand public, une porte d’entrée attrayante vers les lieux de refondation (potentielle) de la société que sont les maker/hackerspaces et autres fab labs.

C’est aussi un des leviers du progrès de la technique : la communauté des contributeurs grossit, qui dit demande, dit investissement, dit R&D, dit amélioration.

Avec un possible contre-coup qui point déjà : des gros investisseurs qui se fichent pas mal des valeurs de partage et d’entraide qui ont permis à un rêve de devenir réalité, aussi mal ébarbée soit-elle à ses débuts.


Objet en 3D par Makerbot (CC-by)

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http://owni.fr/2012/10/23/limpression-3d-ce-boulet-mediatique/feed/ 34
Ce samedi, les enfants ont cours de hacking http://owni.fr/2012/10/12/ce-samedi-les-enfants-ont-cours-de-hacking-hackidemia-ecole/ http://owni.fr/2012/10/12/ce-samedi-les-enfants-ont-cours-de-hacking-hackidemia-ecole/#comments Fri, 12 Oct 2012 13:24:55 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=122104

Après une première édition à Paris en juin, HacKIDemia a bougé à Bucarest en Roumanie en septembre.

À l’HacKIDemia, on n’apprend pas aux enfants à cracker le code de l’ordinateur de leurs géniteurs, non, on leur enseigne les sciences et la technologie par la pratique, en vertu du learning by doing cher aux hackers, ces bidouilleurs créatifs. Ce samedi, dans le cadre de l’Open World Forum (OWF), la deuxième édition française, co-organisée avec La Cantine/Silicon Sentier, proposera plusieurs ateliers pour mettre les menottes dans le cambouis, et aussi les grandes mimines des parents : conception de jeux vidéo, introduction à l’électronique avec le processeur Arduino et de la soudure, robot, graffiti, etc.

Ne vous fiez pas au côté fric de l’OWF, vitrine annuelle de l’Open Source en France qui se tient du côté des Champs-Élysées. Comme se réjouit Clément, membre du hackerspace francilien l’Electrolab qui prête son concours, le but n’est pas de rester entre-soi :

Dès le départ, Stefania vise une diffusion très large, pas uniquement pour nos petites têtes bobo, elle s’organise avec des contributeurs d’un peu partout. À force de passer sa vie dans des avions, elle a des contacts très variés.

La Stefania-voyageuse en question, c’est une jeune pile (open source) déroulant dans un français impeccable son parcours qui l’a menée de sa Roumanie natale à voyager sur tout le globe pour son projet HacKIDemia, après un passage par la Singularity University de Google aux États-Unis.

Le premier HacKIDemia à Paris en juin dernier, avec des élèves de l'internat d'excellence à Marly-le-Roy (78).

Hacker la pédagogie

Hacker la pédagogie

Les médias sociaux font l'objet de fréquents blocages dans les établissements scolaires. Pourtant, en eux-mêmes, ils ne ...

Maman professeur, père ingénieur en électronique, cette mince petite brune prolixe a synthétisé dans son projet les ADN parentaux. Après un master en ingénierie pédagogique et un passage par Erasmus qui l’a rendu polyglotte — 7 langues en tout ! —, elle a atterri chez Google à Dublin pour plancher sur les algorithmes.

Plus que les opérations, elle se passionne pour l’éducation et initie des projets au sein de l’entreprise en Irlande, pour les adultes. Pas vraiment sur la même longueur d’onde que le géant de Moutain View, elle démissionne et, avec ses économies, part faire du volontariat au Cambodge, initier ce qui deviendra HacKIDemia. Avec une ligne claire :

Tu n’aides pas forcément les gens en leur donnant de l’argent. Le Cambodge est le pays avec le plus grand nombre d’ONG, ça handicape ce peuple  à un point pas possible. Je leur ai dit “je ne vais pas vous donner de l’argent, mais vous apprendre pour vous aider à vous en sortir par vous-même”.

Et un modèle, les hackerspaces, ces espaces physiques où les hackers se rencontrent, échangent, mutualisent :

Je veux faire des hackerspaces pour les enfants ! Il y a une innovation qui passe, invisible, mais qui a beaucoup d’impact, alors s’ils échangent avec les enfants…

Une bêta “magique”

Le numéro zéro d’Hackidemia est allumé en juin dernier, avec l’aide François Taddéi, du Centre de Recherche Interdisciplinaire, figure incontournable en France sur la réflexion pédagogique. Dans un lieu emblématique : l’internat d’excellence de Marly-le-Roy, une de ces structures destinées aux élèves défavorisées à fort potentiel. Une bêta qui tient toutes ses promesses. Stefania se souvient :

Les jeunes ne savaient pas trop à quoi s’attendre, ce sont des ados, l’âge où on les perd, ils sont venus en se demandant ce qu’ils allaient faire. À la fin c’était assez magique, on ne pouvait plus les faire partir : “j’ai fait un robot, j’ai fait un robot, il y avait une sorte de lumière dans leurs yeux.”

Benoit Parsy, qui fait des ateliers LEGO Mindstorm (des robots LEGO pour apprendre à coder, ndlr), est venu avec sa fille, elle a 6-7 ans et elle est très forte en programmation, ils ont accepté qu’elle leur apprenne et ils ont fait à leur tour.

Cela été très important pour nous : l’événement a été monté sans budget, nous avons juste contacté les gens qui travaillent avec des jeunes sur Paris, on a pu mesurer la motivation.

"J'ai fait un robot, j'ai fait un robot !"

La jeune femme enchaine avec un saut décisif par Google, non pas l’entreprise mais sa controversée Singularity University, en tant que education teaching fellow. L’institution vouée aux technologies, et non au transhumanisme comme on le croit à tort, se révèle surtout être une belle opportunité pour développer son projet, entre conférences et discussions interminables le soir.

De ce séjour, HacKIDemia en est ressorti avec un staff de trois personnes en plus pour faire des petits partout dans le monde, sur le mode du lab mobile.

Brésil, Niger, Mexique, Australie, Malaisie

Et depuis, ça n’arrête pas. Après Paris, les allumages s’enchaînent : installation d’un fab lab permanent à Sao Paulo au Brésil, à Lagos au Nigeria dans le cadre de Maker Faire Africa, une grande foire au DIY, puis Mexique, Australie et Malaisie en début d’année prochaine. Ils sont souvent sollicités par des structures publiques qui payent le voyage, par exemple au Brésil une école. La communauté visée, enfants mais aussi parents et professeurs, ne payent pas. Des entreprises de l’écosystème croissant du DIY apportent aussi des fonds, conscient de l’intérêt et de l’enjeu.

L’écosystème de demain

Aux côtés de fablab@school, fab lab truck, School Factory ou encore Maker Camp, Hackidemia fait en effet partie de ces projets qui entendent réinventer l’école pour mieux l’adapter au contexte actuel, marqués par de multiples crises : économique et écologique bien sûr mais aussi perte de sens, sentiment de dépossession lié à la disparition des savoir-faire. Ces structures sont aussi autant de terreaux pour que la bidouille d’un week-end deviennent le projet d’une vie et contribuent ainsi à régénérer le système en perdition. Stefania s’emballe :

Le retour à la production locale est un moyen de sortir de la crise, de rendre aux gens la liberté de s’entraider, il faut des hubs d’innovation qui vont s’agrandir et former un écosystème. Il faudrait revenir au système des guildes d’artisans.

Dès le plus jeune âge, il faut donc penser en mode “projet”, comme le souligne Jérôme Saint-Clair, du Graffiti Research Lab, un groupe consacré au renouveau de l’art urbain présent ce samedi :

Il est essentiel d’associer, non pas plus de pratique “téléguidée”, mais davantage de découverte et d’expérimentation afin de permettre aux enfants de chercher des solutions à des problématiques qui leur sont propres (par eux-mêmes ou à l’aide d’un prof ou mentor), de collaborer en partageant leurs connaissances et de développer des projets pensés par eux et pour eux, mariant plusieurs disciplines.

Dans cette nécessité de renouveler l’école, les acteurs extérieurs, agiles, du type HacKIDemia, sont peut-être les mieux à même de faire bouger les choses, comme l’analyse Clément :

Bien, sûr, on n’est pas près de poser un hackerspace/makerspace/fab lab dans chaque établissement scolaire, et il est à peu près aussi vital de proposer ce genre d’activités dans un cadre totalement hors du scolaire aussi pour une autre raison un peu dingue : pour plein de monde, l’école est une corvée… à laquelle tu n’as pas forcément envie d’associer ton action, pour ne pas te griller auprès du public visé.

Reste un enjeu de taille : éviter de finir comme Montessori, douillet nid à progéniture élitiste, mais envahir l’école en douceur.


HacKIDemia, dans le cadre de KIDEXPERIMENT à l’Open World Forum ce samedi, de 11 h 30 à 17 heures, gratuit, inscription recommandée.
Photos CC Flickr [by-nc-nd] PhOtOnQuAnTiQuE

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http://owni.fr/2012/10/12/ce-samedi-les-enfants-ont-cours-de-hacking-hackidemia-ecole/feed/ 17
On a bien fait la bidouille à la française ! http://owni.fr/2012/09/24/on-a-bien-fait-la-bidouille-a-la-francaise/ http://owni.fr/2012/09/24/on-a-bien-fait-la-bidouille-a-la-francaise/#comments Mon, 24 Sep 2012 15:13:26 +0000 S.Blanc, A.Fradin, O.Noor http://owni.fr/?p=120694

Le plateau de jeu géant de l'asso UnderConstruction a fait le bonheur des grands enfants. Le but, voyager dans le temps de 1800 à nos jours pour découvrir les nouvelles technologies et leurs impacts dans les champs écologiques, sociaux, militants. - (cc) Ophelia Noor

On l’avait promis, de bonne foi, vendredi : samedi en fin de journée, il y aurait un beau reportage composé à quatre mains et un appareil photo sur le premier Open Bidouille Camp, que nous co-organisions avec nos amis de la Cantineet de Small Bang à Mains d’Œuvres à Saint-Ouen. Samedi soir, il n’y avait rien dans le back-office, pas même un début d’article. Ni même à 10 heures le lendemain. Certains rigolent déjà peut-être : ben voyons, elles ont préféré faire mumuse avec les LEGO ou bien vadrouiller en vélo électrique, et puis elles ont participé à l’atelier pâtes fraîches et ça a fini vautrées dans un canapé, une bonne assiette de ravioli ricotta-épinard dans le ventre, le tout arrosé de Club-Mate.

Fête le vous-même !

Fête le vous-même !

Sur le modèle des Maker Faire, ces grands rassemblements dédiés au do it yourself, version moderne du bricolage de nos ...

Des LEGO, nous vîmes trois briques en passant lors du démontage des stands, le vélo, pourtant installé devant nous, était caché par la masse des curieux, les pâtes, c’est vrai, on a eu une assiette, enfin une dizaine de bouchées qu’une âme charitable nous a amené à 16 heures au bar. La seule chose de juste, c’est qu’on a enfilé les bouteilles de Club-Mate, la très caféinée boisson préférée des hackers.

Car cette “première fête-le vous-même” a été un succès. À titre d’exemple, en bons adeptes du datajournalisme, citons un chiffre : nous n’avons pas profité de l’événement car nous avons préparé 170 sandwiches. Quant au nombre de cafés versés, de bouteilles de Mate décapsulées, nous avons perdu le compte au bout de deux heures. Les commandes s’enchaînaient si vite que nous n’avons pas eu le temps de donner à la Débrouille Compagnie les capsules et les bouteilles vides sur lesquelles elle lorgnait pour ses ateliers récupération.

Ouvrir le capot et réenchanter le monde

En guise de pause, je (Sabine) suis allée animer la conférence. Je pensais marcher au moins quelques mètres, du bar à la scène pour détendre mes jambes de barmaid d’un jour : espoir déçu, il fallait se frayer un passage parmi la foule massée dans la seconde salle, captivée par les machines à émerveillement apportées par différents fab labs. Une conférence qui a permis de voir ce qui liait tous ces ateliers issus aussi bien du monde des hackers que de la récupération ou de l’éducation populaire. Ce sentiment que nous arrivons à un tournant crucial et que les lendemains peuvent encore gazouiller si nous retrouvons, ensemble, du sens, en particulier en se réappropriant les savoirs-faire, pour réenchanter notre monde.

Benoît Parsy et son atelier post-prandial de programmation de robots en LEGO® - (cc) Ophelia Noor

Ce n’est pas tant la foule qui nous a réjouis que sa composition : l’enjeu était de dépasser le cercle fermé des geeks numériques. Faute d’avoir pu échanger beaucoup avec le public, fions-nous à quelques indices pour savoir si nous sommes sortis de notre microcosme. Déjà le retour des stands.

Le Fac Lab nous a ainsi expliqué que beaucoup de gens étaient présents dans un esprit de découverte. En espérant que l’essai soit transformé au fab lab directement. “Indéniablement, oui, témoigne Benoit Parsy, l’homme LEGO. Une cinquantaine de personnes sont passées, des mamans et des papas intéressés par l’outil pédagogique et l’ouverture à la programmation derrière le jouet, des geeks qui ont voulu mettre les mains dans le cambouis et ont programmé/hacké les robots et d’autres qui posaient des questions plus techniques (15), des enfants qui ont programmé effectivement un robot, des enfants qui ont joué avec les robots, une bonne dizaine… “

Jerry Can ou le serveur-ordinateur personnalisable et nomade dans un... jerrycan. Logiciel libre, matériaux de récupération, et les plans qui sont mis à la disposition de tous. (cc) Ophelia Noor

Romain, de JerryCan, poursuit :

J’ai parlé à plein de gens différents, des gens du quartier parfois assez âgés, beaucoup de jeunes couples, des papas un peu geeks qui montrent à leurs enfants, bref je suis bien sûr qu’on a tous vu la même chose, globalement peu de barbes.

Apparemment, nous avons aussi bénéficié du calendrier : le même jour avait lieu la fête de la ville, drainant le public vers Mains d’Œuvres.

Et sur Twitter, le hashtag #OBCamp n’a pas été beaucoup utilisé, alors que d’ordinaire, les événements de “geek” sont abondamment relayés sur le site de micro-blogging.

Jérôme Saint-Clair, du Graffiti Research Lab, souligne aussi un autre intérêt, côté organisateurs cette fois-ci

Cela nous a permis de rencontrer des organisateurs d’événements (ateliers,… ) qui souhaitent mettre en avant ce type de technologies/philosophies et donc permet d’atteindre les non initiés à postériori.
Ce type d’événement permet aussi aux acteurs de ce mouvement de se retrouver IRL et de mettre un visage sur des pseudos. Ceci a pour effet de nouer un peu mieux connaissance, d’échanger et permet parfois d’envisager des collaborations entre domaines connexes.

Martin (au centre) du Graffiti Reseach Lab, les mains dans le cambouis pendant la conférence de l'OBCAMP. (cc) Ophelia Noor

Merci, merci !

Nous remercions tous nos sponsors, Etsy, la Fonderie, Kiss Kiss Bank Bank, et nos partenaires médias DailyMotion, le Mouv’ et l’Atelier des médias. Sans oublier les contributeurs de notre collecte sur la plate-forme de crowdfunding. Les 63 donateurs nous ont permis d’atteindre 147% de notre objectif, avec au passage un mécène surprise, Digitalarti. Autant de mini-sponsors que nous avons remerciés en public en citant leurs noms sur scène.

Décidément, les Internets sont une bien belle invention. Yann Guégan, notre confrère de Rue89, a réalisé “bidouillé” une vidéo sur des ateliers :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

et Flo Laval a offert un joli clip de remerciement :

Cliquer ici pour voir la vidéo.


Photographies par Ophelia Noor pour Owni /-)
Les photos de la galerie sont ici.

Et le toujours très actif Nicolas Loubet, de Knowtex, a eu la bonne idée de faire un Storify pendant qu’on éclusait nos stocks de pâté et d’emmental :

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Detroit redémarre en mode DIY http://owni.fr/2012/07/26/detroit-redemarre-en-mode-diy/ http://owni.fr/2012/07/26/detroit-redemarre-en-mode-diy/#comments Thu, 26 Jul 2012 10:46:58 +0000 Ophelia Noor http://owni.fr/?p=116694

Detroit n’est pas la ville des rêves, c’est la ville des réalités. – Grace Lee Boggs, 96 ans, activiste et habitante de Detroit

Imagination Station (à droite) fait face à la Michigan Central Station (à gauche), géante gare abandonnée, symbole du déclin de Détroit. Imagination Station est également une maison abandonnée, et donnera lieu à un projet de logement d'ici quelques années. Pour l'heure, les "doers" du quartier l'ont bariolé de fresques. ©Nora Mandray/detroitjetaime.com

Déclarée plusieurs fois en faillite depuis 2011, Detroit est une ville à l’abandon, vidée de sa population, de la plupart de ses commerces et entreprises. Après la période glorieuse du fordisme et de la production automobile, puis les ravages de la désindustrialisation dès les années soixante, les habitants dépendent aujourd’hui de leur propre ingéniosité pour subvenir à leurs besoins. Un renouveau qui préfigure peut-être la société de demain : une économie locale post-industrielle basée sur la bidouille et le partage.

Dans leur webdocumentaire Detroit Je T’aime, les journalistes françaises Nora Mandray et Hélène Bienvenu, s’intéressent aux bouleversements du monde post-industriel et post-communiste.  Elles nous montrent comment les citoyens reprennent en main leur mode de vie,  leur manière de consommer et de renouer des liens sociaux dans un espace post-productiviste.

Comment est construit votre webdocumentaire ?

Nora Mandray : Detroit je t’aime a pour base trois courts-métrages documentaires à la narration linéaire, d’environ 20 minutes chacun : trois histoires de débrouille imbriquées les unes dans les autres entre un groupe de filles mécano, un fermier urbain et un hacker. Au cours de chacun de ces films, une “boîte à outils DIY” [ndlr : Do It Yourself : Fais-le toi-même] apparaîtra pour suggérer aux spectateurs de démarrer leurs propres initiatives. Les internautes pourront, au fil des histoires, partager sur les réseaux sociaux des citations tirées du film ou bien des projets à faire eux-mêmes avec leurs amis.

Hélène Bienvenu : Nous ne voulons pas tomber dans le travers du catalogue d’histoires, ce vers quoi le webdocumentaire a tendance à tirer parfois, d’où l’idée de se concentrer sur trois personnages forts et le recours au mode linéaire. On pense que notre blog, développé en parallèle à Detroit je t’aime, continuera d’exister à travers nos spectateurs. L’ objectif c’est d’engager un dialogue entre les communautés.

Nora Mandray : Une fois le webdocumentaire terminé, nous aimerions aussi développer une application pour mobiles, où il serait possible de retrouver les projets DIY présentés dans le documentaire. Et puis, à plus long-terme, Detroit change si vite qu’on pense déjà y retourner dans cinq ou dix ans pour retrouver les Detroiters et voir ce qu’ils seront devenus.

En quoi les trois personnages choisis pour raconter l’histoire de Detroit sont-ils représentatifs du changement de cette ville, et par extension de nos sociétés, vers une nouvelle économie basée sur le partage et le DIY (Do it Yourself) ?

Nora Mandray : Nos trois personnages représentent des besoins inhérents à toute société : se nourrir, se déplacer, apprendre et communiquer. En plus d’apporter une réponse matérielle, nos protagonistes ré-imaginent le Detroit post-industriel pour poser des bases plus saines : respect de l’environnement, justice alimentaire, open-source, réflexion sur la question de la race, le vivre-ensemble. Jeremy, le fermier urbain (urban farmer) plante avant tout pour sa communauté, son “potager” n’est pas grillagé. De même que le Mount Elliott makerspace de Jeff Sturges ou l’atelier vélo Fender Bender de Sarah Sidelko, ouverts à tous.

Hélène Bienvenu : La société du partage revêt de multiples facettes, et toutes ne sont pas nécessairement représentées à Detroit, par exemple le co-voiturage existe encore très peu. Mais Detroit est une ville où l’on débat. Un mot revient sans cesse : “justice”.

Nora Mandray : Social justice, food justice, environmental, racial… Le mot se décline à l’infini et nous semble représentatif du tournant que vit la ville. C’est un signal fort que Detroit en revienne à l’artisanat et à un système de production local. Le travail à la chaîne est né ici et s’est répandu dans le monde entier. En période d’austérité, on en revient à des valeurs partagées par tous, à des éléments concrets autour desquels la communauté se rassemble et se reconstruit.

Sarah a mené le premier atelier mécano de Fender Bender. Kezia et Doc ont appris à réparer un vélo en six leçons. ©Nora Mandray/detroitjetaime.com

Les personnes que vous avez rencontrées continuent-elles, malgré tout, à consommer dans les grands circuits de distribution traditionnels ? Pouvons-nous observer comme en Espagne ou en Grèce la création de monnaies locales ou une réflexion sur une sortie du système monétaire actuel ?

Hélène Bienvenu : Parce que le taux de chômage est très élevé [plus de 50%, NDLR] et que Detroit est une ville pauvre, les boutiques de la Salvation Army (Armée du salut)  et les “1$ stores” pullulent. Les Detroiters pratiquent naturellement l’échange de services. Récemment de nouvelles Time Banks [équivalent du SEL, Système d'Échange Local, NDLR] ont commencé à organiser cette économie alternative, bien que formellement il n’existe pas de véritable “monnaie alternative” à notre connaissance.

Nora Mandray : La sortie du système monétaire actuel est une idée qui traverse le discours des activistes locaux, notamment ceux qui ont organisé le US Social forum à Detroit en 2010. Parmi les “anciens” Detroiters comme les nouveaux arrivants, il y a un désir de changement. Le credo des activistes du coin est d’ailleurs “be the change you want to see in the world”. Cela implique par exemple de se déplacer à vélo dans une culture centrée sur l’automobile.

Hélène Bienvenu : Detroit est en train de vivre un débat de grande intensité autour de l’ouverture d’un Whole Foods [ supermarché bio, NDLR] en centre-ville. Ceux qui ont fait le choix d’une vie alternative, voient en Whole Foods, un des symptômes de la gentrification et l’exploitation habile de toute l’énergie que les Detroiters ont mis à bâtir un système alternatif de production locale. Whole Foods a promis de favoriser l’économie locale mais jusqu’à quel point ?

Brightmoor a une mauvaise réputation, quartier ouvrier miné par le chômage, la drogue et le crime dans les années 80 et 90, il connaît aujourd'hui une renaissance grâce aux initiatives d'agriculture urbaine comme celle de Jeremy Kenward qui cultive salades et légumes dans son grand potager. Son point fort, c'est la permaculture : une manière de cultiver durable. ©Nora Mandray/detroitjetaime.com

Comment sont perçus ces nouveaux champs d’actions par “les autres” : les habitants qui ne participent pas, les habitants qui sont de l’autre côté du 8 mile, l’autoroute qui partage la ville en deux ?

Hélène Bienvenu : Les frontières entre Detroit et ses banlieues, voire au sein de ses différents quartiers, restent très marquées. Pour schématiser, il y a trois types de réactions sur Detroit au-delà de 8 mile : les nostalgiques de l’âge d’or, avec ses théâtres fantastiques aujourd’hui en ruines ou ses grands magasins de Downtown abandonnés ou détruits ; ceux qui voient de manière positive le renouveau de la ville, plutôt du côté des jeunes et moins jeunes qui sont revenus s’installer ; enfin ceux qui ont une opinion négative ont quitté la ville depuis longtemps et n’y remettent jamais plus les pieds.

Nora Mandray : Ces derniers sont évidemment les premiers à critiquer Detroit, qu’ils voient comme un dangereux ghetto, qui ne s’en sortira jamais. L’agriculture urbaine est vue comme un palliatif qui ne peut pas mener très loin, dans un environnement ultra-pollué. Bien sûr, certains des points que ces détracteurs soulèvent sont légitimes – mais il n’y a pas de dialogue entre ces “camps”.

Au Mt. Elliott Makerspace, les enfants apprennent à fabriquer leurs propres circuits électroniques. ©Nora Mandray/detroitjetaime.com

Dans cette ville immense et à l’abandon, on a du mal a imaginer depuis la France, l’absence des pouvoirs et des services publics. Les habitants sont-ils à ce point livrés à eux-mêmes ? Quel est l’état des lieux de Detroit ?

Nora Mandray : D’abord, nous sommes aux Etats-Unis où la notion de service public n’a rien à voir avec la nôtre. Et pour ne rien arranger, Detroit a été minée par la corruption politique des années 60 aux années 90. Quand l’industrie automobile a commencé à délocaliser, les pires choix ont été fait par le gouvernement local. Résultat, Detroit est restée pendant longtemps une ville à l’abandon. Elle l’est toujours, dans la majeure partie de la ville. Des quartiers entiers sont plongés dans l’obscurité la nuit, parce que la marie n’a pas les moyens d’entretenir les lampadaires et personne ne vient les réparer !

Hélène Bienvenu : La police et les pompiers tournent à effectif réduit. Les transports publics sont un autre bon exemple. Dans les années 50, il existait encore un système de trolleybus mais il a fini par être démantelé, sous l’effet  des lobbies des trois grands constructeurs automobiles General Motors, Chrysler et Ford, dit-on. Aujourd’hui, seul le bus fonctionne mais de manière très aléatoire.

Detroit compte aujourd'hui 700 000 habitants contre 2 millions d'habitants en 1950. Cette carte comparative (superficie et population) est basée sur les travaux de Dan Pitera, professeur d'architecture et design à l'université de Detroit Mercy.

Nora Mandray : Une compagnie de bus privée est en train de se met en place à Detroit, initiée par un jeune des “suburbs” [ banlieues, NDLR] et destinée aux nouveaux arrivants. Le hic, c’est que pour le moment, cette compagnie ne dessert que les coins sympas que fréquente son public (jeune et majoritairement blanc). Les tarifs ne sont pas abordables pour un public qui dépend du bus pour circuler à l’intérieur de la ville. Cela pose clairement des problèmes de ségrégation déguisée au 21ème siècle.

Hélène Bienvenu : Depuis le déclin de Detroit, les résidents ne cessent de développer des solutions. La ville de Detroit n’organise pas de recyclage ? Qu’à cela ne tienne, un type a eu l’idée d’ouvrir un centre de tri ultra pointu, qui en plus d’être un des lieux les plus “cosmopolites” de Detroit, est devenu un lieu de prédilection pour les fans de street art.

Pensez-vous que Detroit puisse servir de modèle ailleurs ? Je pense par exemple à la fermeture de l’usine PSA d’Aulnay-sous-bois en France et à l’opposé, aux projets de villes en transition ou encore à l’implantation de fab labs ?

Hélène Bienvenu : Detroit ne fait pas partie du mouvement officiel des transition towns mais nos personnages s’inscrivent très clairement dans cette mouvance là. Pour ce qui est d’Aulnay-sous-bois, on ne peut s’empêcher de penser à Detroit qui a vécu tout ça bien avant et de manière plus brutale. Mais c’est un signe que les temps changent. Agir de manière préventive, s’aménager de nouvelles portes de sortie, et revenir à ce qui est essentiel au fonctionnement d’une communauté.

Nora Mandray : Paradoxalement, Detroit vit un véritable tournant car pour la première fois depuis des décennies, la ville est de nouveau attractive. Il y a un glissement du discours : de la ville ghetto au nouveau Berlin. Les jeunes commencent à affluer dans le sens inverse à ceux de leur parents ou grands-parents qui avaient fuit Detroit pour les banlieues. Les personnes dont nous parlons dans notre documentaire se méfient de la gentrification qui pointe aujourd’hui le bout de son nez dans ces quartiers en plein essor. Cela dit, si on voit des cafés cossus ouvrir, la plupart ont recours au compost et utilisent des produits issus des fermes de la ville, signe que nous avons déjà franchi un cap.


Vous pouvez participez à la deuxième partie du tournage qui aura lieu à la fin de l’été en soutenant Detroit Je t’aime sur la plateforme d’appels à dons Kickstarter.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Pour voir le portfolio c’est ici. Photographies par Nora Mandray ©/Detroitjetaime

Detroit je t’aime, un webdocumentaire d’Hélène Bienvenu et Nora Mandray à soutenir sur Kickstarter.

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Made in ma bibliothèque http://owni.fr/2012/07/10/made-in-my-bibliotheque/ http://owni.fr/2012/07/10/made-in-my-bibliotheque/#comments Tue, 10 Jul 2012 09:47:33 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=115778

Entrailles de MakerBot par Bre Pettis -cc-

Début juillet, la bibliothèque de la petite ville de Westport aux États-Unis a inauguré un nouvel espace. De nouveaux fauteuils plus confortables ? Non, un makerspace, ces lieux où les gens fabriquent des objets.  Quelques mois plus tôt, la Fayetteville Free Library (FFL) avait, la première, entamé ce projet, avec son fabulous laboratory, un clin d’œil aux fabrication laboratories du MIT, un concept similaire mais avec des contraintes.

Ces deux initiatives augurent d’une évolution du rôle des bibliothèques. Après avoir facilité l’accès à Internet et aux outils médiatiques, elles se mettent à accompagner leurs publics dans leurs envies de création. En mai, un symposium intitulé de façon éloquente “Made in a Library” y a même été consacré, à l’initiative de l’Online Computer Library Center (OCLC) et  du Library Journal. Genèse de cette mue par Lauren Britton Smedley, “directrice du développement translittéraire” (sic), à l’origine de l’idée :

J’ai d’abord appris sur l’impression 3D dans un cours intitulé “innovation dans les bibliothèques publiques” à l’université de Syracuse, où je travaillais mon master en sciences de l’information et des bibliothèques. J’ai écrit un projet de fab lab ou de makerspace dans une bibliothèque publique… Sue Considine (la directrice exécutive de la FFL, NDLR) a aimé l’idée et m’a embauchée pour la mettre en œuvre à la FFL.

Les bibliothèques publiques sont là pour fournir un accès libre et ouvert à l’information, aux technologies et aux idées. Construire un makerspace (ce que nous appelons un Fabulous Laboratory) à la FFL offrira à notre communauté la possibilité d’avoir un accès à cette technologie qui change le monde.

Aider les usagers à créer

20 commandements pour une société autofabriquée

20 commandements pour une société autofabriquée

Pour accompagner la révolution des FabLabs, permettant à chacun de produire des objets grâce à des imprimantes 3D et ...

La technologie en question, c’est la fabrication numérique, ce processus par lequel on transforme des plans conçus sur un ordinateur en des objets bien tangibles, en s’aidant de machines-outils assistées par ordinateur : imprimante 3D, fraiseuse, découpe laser, etc. Celle qui démultiplie les possibilités offertes par la bidouille, le DIY (Do It Yourself). C’est le “from bits to atom” (des bits aux atomes), que certains considèrent comme la prochaine révolution industrielle.

Une révolution qui touche aussi les individus dans leur capacité à créer en fonction de leurs envies, grâce à la démocratisation des outils et à la puissance (potentielle) de partage et d’entraide d’Internet. Aux États-Unis, c’est un véritable phénomène de société, incarnée par le mouvement des makers, qui exalte l’inventivité personnelle. Maxine Bleiweis, le directeur de la bibliothèque de Westport, est fier que son établissement monte en pionnier dans ce train  :

C’est une tendance nationale que vous allez voir balayer le pays et vous voyez ici un de ses tout premiers lieux.

Le lieu du fablab de Fayetteville encore en travaux en janvier 2012 -cc-Theron Trowbridge

Cette révolution s’effectue en douceur dans les makerspaces, hackerspaces, fab labs et autres techshops, en plein essor depuis quelques années. Les ponts se sont créés, naturellement, détaille Lauren Britton :

Je travaille et j’échange avec beaucoup de makerspaces à travers le pays. Et aussi quelques hackerspaces. Par exemple, Bre Pettis, de NYCResistor, un des créateurs de la MakerBot (un modèle d’imprimante 3D grand public open source très populaire, NDLR). Nous avons eu beaucoup de conversations sur ce qui trouve sa place dans un makerspace de ce type.

Et d’autres gens des makerspaces de Detroit, et j’ai beaucoup lu dessus… Il faut à la fois répondre aux besoins de la communauté et toucher les gens qui ont fait cela avant.

Service public et €€

Aux États-Unis, cette implémentation se justifie d’autant plus que lesdits espaces ont souvent un accès (cher) payant, contrairement à la France, alors que les bibliothèques publiques offrent leurs services pour un abonnement modique. Toutefois, le concept n’est pas dénué de considérations entrepreneuriales. À la FFL, le fab lab côtoiera… un centre d’affaires. Le tout forme un “creation lab” dévoilé fin juin, qui soulève certaines espérances si l’on en croit le montant de la bourse accordée par le sénateur de l’État de New York : 250 000 dollars. Les entrepreneurs du coin pourront donc venir, gratuitement aussi pour le moment et dans la mesure du possible, le business model n’étant pas fixé.

Cette fonction d’incubateur de start-up est devenue classique dans ce type d’espace. Elle remonte en fait à la belle époque des hackers de hardware. Comme le rappelait Dale Dougherty, le héraut de la communauté des makers, Apple est né dans un club d’informatique qui préfigurait les hackerspaces, le célèbre Homebrew Computer Club.

À en juger les nombreuses sollicitations reçues par Lauren Britton Smedley, les makerspaces devraient fleurir dans les bibliothèques américaines. En revanche en France, il faudra attendre un peu. Apparemment, seule la médiathèque de Toulouse a fait un pas dans ce sens. Fin juin, le temps d’une journée spéciale, le fab lab Artilect et le hackerspace Tetalab avaient posé leurs imprimantes 3D.  Avec un certain succès.


Photos de la Fayetteville Free Library par Theron Trowbridge (cc-bync) et entrailles de la MakerBot par Bre Pettis (cc-bync)

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Hacker la vie (pour la changer) http://owni.fr/2012/06/17/hacker-la-vie-pour-la-changer/ http://owni.fr/2012/06/17/hacker-la-vie-pour-la-changer/#comments Sat, 16 Jun 2012 23:58:45 +0000 Ophelia Noor et Pierre Alonso http://owni.fr/?p=113679

La Cantine fait salle comble pour cette 3ème journée du festival hackers Pas Sage en Seine - (cc) Ophelia Noor

Elle était pleine à craquer La Cantine. Réactive, boute-en-train, concentrée selon les heures et les interventions. Du monde a défilé du matin au soir de la troisième journée de Pas Sage en Seine, festival de hackers et des internets polissons organisés depuis jeudi dans ce haut lieu parisien des cultures numériques. Sécurité, DIY, et aussi politique, un mot avec lequel les geeks sont souvent fâchés…

C’est en tout cas ce qu’affirme d’emblée Stéphane Bortzmeyer, ingénieur à l’Afnic (l’association en charge d’attribuer les noms de domaine en .fr) et dernièrement engagé dans l’équipe de campagne du Front de gauche :

Je vais parler de politique. La moitié d’entre vous va partir au bar boire des coups, je sais. Mais je vais vraiment parler de politique.

Et ruer dans les brancards : non, les responsables politiques ne sont pas des crétins ; non, le possible contournement technique de la loi ne l’invalide pas ; oui, la loi doit être la même pour tous quelques soient les compétences des uns et des autres ; non, la qualification technique ne suffit pas à faire de bonnes législations. Oui, Stéphane Bortzmeyer veut réhabiliter la politique, celle qu’il définit comme “ce qui concerne tous les choix fondamentaux de la vie de la cité”. Il a même une formule qui sonne comme un slogan : “Hacker la politique”.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Décentralisation

Ce n’est pas le frétillant porte-parole de La Quadrature du Net, Jérémy Zimmermann, qui le contredirait sur ce point:

L’heure est grave. Nous sommes face à un choix entre deux sociétés : l’une repose sur l’interconnexion des technologies pour surveiller et punir ; l’autre sur la décentralisation, le partage, la diversité et l’ouverture.

Jérémie Zimmermann (La Quadrature du Net) pendant sa conférence "Citoyenneté en ligne dans un monde post-ACTA" Sur l'écran, Richard Stallman, programmateur, militant, fondateur de la licence GNU et président de la Free Software Foundation - (cc) Ophelia Noor pour Owni

Autant dire qu’il ne penche pas pour la combinaison drones-biométrie-datamining-lois d’exception. Hacker la politique donc, en se mobilisant quand il le faut (contre Pipa, Sopa et Acta), tout en restant force de proposition, mantra de l’association de défense des libertés qu’il a cofondée, et abondamment défendue lors de son intervention.

Ouverture

Olivier Gendrin, artisan du Fab Lab récent ouvert à l’université de Cergy-Pontoise et baptisé Fac Lab, se reconnaîtrait sans doute dans la description d’une société fondée sur ces valeurs. Le Fac Lab, ce laboratoire où les outils – parfois de hautes technologies – et savoirs – parfois très pointus – sont mutualisés, a adopté sa sainte trinité : participer, documenter, partager. Tout en restant ouvert à tous :

Des juristes viennent, des ingénieurs et des physiciens aussi. Des professions qui ne se rencontrent pas sur le campus habituellement. Il y a des étudiants bien sûr, mais aussi des chômeurs, des mères de familles, des collégiens…

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Un enthousiasme pour le Do It Yourself que certains questionnent. Le nom de Serge Humpich est revenu à deux reprises dans la journée de samedi. Une première fois, parce qu’il a été condamné après avoir rendu publique une faille dans les distributeurs automatiques de billet. Le tout en bidouillant une carte à puce. C’était il y a 12 ans.

Hier, Serge Humpich portrait un regard critique sur l’open hardware (le matériel libre), non sans provoquer quelques remous dans l’assemblée, certains lui reprochant de calquer les schémas de l’industrie sur le DIY.

Cliquer ici pour voir la vidéo.


Photographies par Ophelia Noor pour Owni
Interview de Serge Humpich préparée par Sabine Blanc, grande prêtresse du petit Minitel /-)

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